du 19 au 26 mars

Publié le par Pierre Cuzon


Samedi 19 mars 2005

Rio del Plata

Pour les Italiens, la St Joseph c’est le jour de la fête des pères. Pour moi c’est la fête de Joss. C’est une journée de mer sans particularité. Nous longeons la côte à une trentaine de kilomètres direction sud-ouest (210°). La température a brusquement changé depuis cette nuit. Il fait 24°C et il fait soleil. De mon point de vue c’est plus agréable. En soirée j’ai confectionné mon colis de livres lus que je porterai à BUENOS AIRES. J’ai gardé 2 livres + les 2 guides du routard, pour les jours à venir.

Mais la navigation n’est pas encore terminée. Non seulement nous rentrerons dans la rivière de la PLATA qui sépare l’Uruguay de l’Argentine demain dans la journée, mais ensuite il y a une navigation de plusieurs heures pour une escale dans un port argentin, lundi. Nous serons à quai à BUENOS AIRES au cours de la journée du mardi.


Dimanche 20 mars 2005

En approche de Buenos Aires

Chaque jour nous enlève quelques degrés. Au réveil ce matin, il fait 18°C sur le pont et il y a un vent assez fort. Pour la première fois ce matin, j’ai pu visiter le poste de commandement à la passerelle, y voir les appareils de navigation, les cartes. Du hublot de la cabine, je vois une ville avec quelques immeubles mais je ne connais pas son nom. MONTEVIDEO se situe assez près derrière une pointe qui ouvre la rivière de la PLATA.

Journée grise, ventée. L’eau est sombre, elle charrie les boues du fleuve venant du cœur du continent. Nous serons en soirée devant BUENOS AIRES, sans nous y arrêter car demain nous avons une dernière escale à ZARATE port argentin sur le fleuve PARANA. Mais par la radio, nous avons déjà la musique, le tango qui confirme que la traversée touche à sa fin. Cela reste un mystère et je ne sais pas pourquoi cette musique fait naître chez moi des émotions aussi vives.


Lundi 21 mars 2005

Zarapate dernière escale

Le bateau navigue toujours dans cette eau sombre du RIO DEL PLATA. Il ne fait pas beau, le pont est encore mouillé de la pluie du matin. Nous remontons le fleuve PARANA sur environ 80 km. Nous étions à 02 h 00 du matin devant BUENOS AIRES, mais il reste une escale assez loin à l’intérieur, ZARAPATE, c’est un port marchand essentiellement conçu pour le transport des voitures. Le matin, le maître d’hôtel nous fait savoir que nous débarquerons à BUENOS AIRES à 22 h 00. Ce qui ne nous arrange pas vraiment Paolo et moi. C’est toujours compliqué d’arriver dans une ville étrangère surtout une immense ville (12 millions d’habitants) à la nuit, sans repères, sans argent, une ville inconnue est toujours une petite galère.

Au fil des heures, les choses se sont arrangées, le temps est devenu ensoleillé, et surtout la durée de l’escale a été plus longue que prévu.

Nous avons quitté le port vers 16 h 00 ce qui rendait impossible une sortie du bateau en cours de nuit. La navigation fut très agréable sur ce canal tracé dans une forêt de type équatoriale.


Mardi 22 mars 2005

Débarquement à Buenos Aires

Lever matinal. Nous devons libérer les cabines pour des passagers qui nous remplacent. En revanche, l’attente est très longue pour quitter le bateau. Il faut attendre, attendre, les personnels argentins de l’immigration, surtout que Paolo débarque avec son camion 4 x 4. Cela ne doit pas être trop fréquent et le passage à la douane dure près d’une heure.

Vers 11 h 00, enfin « libre », nous sortons du port en 4 x 4. Objectif, rechercher une chambre en centre ville. Après un mois de mer, la circulation nous paraît très rapide. Avec un bon plan, ce n’est pas trop compliqué, la ville est construite comme un jeu d’échecs. Il suffit de repérer le « bloc » au croisement de rues.

Paolo trouve un parking gardé pour son camion (cela paraît indispensable ici). Je trouve un hôtel pas cher (mais carrément minable) sur l’avenue de Mayo.

Nous nous séparons là, Paolo doit régler des problèmes d’assurance, de camion. Et moi je souhaite poser le sac et voir les courriers internet. On se donne rendez-vous à 20 h 00.

Je retire de l’argent dans une banque avec la carte bancaire, ça marche, mais pas tout de suite, petite pointe de stress. Enfin c’est bon. Pour consulter internet et le courrier, pas de problème, il y a des boutiques tous les 100 mètres à des prix raisonnables.

J’ai donc le plaisir de lire les nouvelles, certaines déjà anciennes de 15 jours.

Puis, je vais au bout de la rue sur la Plaza de mayo. Il y a comme toujours des manifestants. Un groupe assez classique de femmes assez pauvres dont les motivations sont revendications sociales. L’autre groupe, beaucoup plus étonnant, ce sont une centaine d’hommes de 40 à 60 ans, des anciens combattants de la guerre des Malouines qui réclament une retraite et une reconnaissance. Ils sont habillés en treillis militaires, médaillés et campent sur la pelouse devant le palais.

Vers 20 H, je sors avec PAOLO. Face à mon hôtel, se trouve le « Café Tortoni », le café symbole du tango à Buenos-Aires. Aujourd’hui, il est surtout fréquenté par les touristes. Mais ce fut le lieu de rendez-vous des écrivains, musiciens. A la porte, un homme de 68 ans, nous aborde en français. Très franc, il nous explique qu’il nous a parlé car il survit grâce à la vente de CD de sa musique, mais qu’au delà de cela, il aime parler en français car c’était un étudiant en médecine anarchiste, réfugié pendant la dictature en Europe (12 ans en France). Il nous a longuement parlé de son histoire mais aussi de sa vision actuelle de l’Argentine. J’ai vécu cela comme un grand moment.

Avant de rentrer à nos hôtels (voisins), nous avons déambulé dans le centre ville, plein de contrastes. Il y règne à la fois une grande richesse juxtaposée à une pauvreté bien présente. Hormis les mendiants que l’on a vu dans toutes nos escales, ce sont aussi les jeunes de 18 / 30 ans qui, dans les carrefours du centre ville à BUENOS AIRES, défonçant les sac de poubelles, pour trier et repartir avec divers sacs (papiers, plastiques, verres). Ce ne sont manifestement pas des « mendiants professionnels ». Ce sont des actifs (jeunes ouvriers, étudiants peut-être) qui gagnent ainsi un peu d’argent.


Mercredi 23 mars 2005

Préparatifs de départ vers le Sud

Je commence par déménager de mon hôtel pour m’installer dans celui d’à côté chez Paolo. J’ai découvert hier soir en entrant dans ma chambre, qu’il n’y avait pas d’électricité. Côté toilette et hygiène, je préfère éviter tout commentaire.

Dans la journée j’avais pour objectif de voir les moyens de transport pour descendre vers le Sud. J’ai rejoins la gare routière (impressionnante), de cette gare partent, en continu, des bus dans toutes les villes du pays. Le réseau ferroviaire est presque inexistant. Je réserve une place en bus pour le lendemain à 15 h 00, qui me conduira à PUERTO MADRYN (à 1.300 km au sud).

Je retrouve Paolo en soirée et nous allons manger une viande argentine qui n’était pas à la hauteur de mon ancien souvenir ancien de 15 ans mais ce n’est pas mal tout de même.

Nous rentrons assez tôt à l’hôtel, la vie en ville à pieds est assez crevante. Nous prenons un café uniquement parce que le nom du bar m’a enchanté : « ETRE ». Ce n’est pas mal pour un bar.


Jeudi 24 mars 2005

Jeudi-Saint sur la place de Mai à Buenos-Aires

Avant le départ cette après midi (rendez-vous à 13 h 00 avec Paolo à la gare routière), je m’offre une dernière balade autour de la place de Mai. Je regrette d’avoir pris mon billet de bus pour aujourd’hui car le 24 mars est la date anniversaire de la dictature et une grande manifestation est prévue à 16 h 00 avec tous les partis de gauche et les « mères ». Mais il y a encore plus de tentes piquées sur les pelouses, ce sont les manifestants du jour, les pauvres du pays. Toutefois vers 11 h 00 c’est la grand-messe du jeudi saint, à 100 mètres des manifestants. Arrive un cortège de prêtres et de nombreux évêques. Cette situation et très forte de voir en ce même lieu partagé avec les grandes forces du pays en opposition permanente.

14 h 00, adieu ou au revoir à Paolo. Chacun fait sa route. J’embarque dans le bus pour 20 heures de voyage. Le bus est confortable, spacieux, on y dort très bien. Une hôtesse assure le service de thé, café, repas du soir et « petit déj » comme sur un avion.


Vendredi 25 et samedi 26 mars 2005

PUERTO MADRYN

Du lever du soleil vers 07 h 00 jusqu’à l’arrivée à PUERTO MADRYN, le paysage est presque uniforme, c’est la pampa à l’infini. A part quelques petites roches qui dépassent parfois de quelques étangs et rivières asséchées, c’est le même paysage qui se déroule à l’infini. De temps en temps, on aperçoit quelques guanacos, les « lamas » du coin.

Le bus arrive à l’heure à PUERTO MADRYN. C’est une station balnéaire avec une très belle baie. C’est surtout un point de départ pour visiter la péninsule de VALDES en excursion organisée. Il n’y a pas de bus et les locations de voitures sont très chères. L’intérêt de cette excursion est de voir, si on a de la chance, toutes sortes d’animaux, dauphins, orques, éléphants de mer, manchots. Il y a beaucoup de baleines mais je suis trop tard d’un mois.

Je vais me renseigner pour faire cette excursion demain ou dimanche. Je suis descendu dans un hôtel qui ressemble plutôt à une auberge de jeunesse. Une vraie tour de Babel: argentins, anglais, allemands, italiens, israéliens… mais pas de français…

Mon ignorance de l’espagnol est une barrière. Pas à l’hôtel où l’anglais est utilisé, mais en ville où peu de gens parlent anglais et je ne dis rien du français. Tiphaine, tu aurais dû m’accompagner ne crois-tu pas ?

Je regarde la « doc » de la région pour étudier la suite du voyage. Je vais probablement descendre encore un peu vers le sud (400 km) jusqu’à COMMODORO RIVADERA. De là, par le bus je traverserai l’Argentine vers l’ouest auprès des Andes et remonterais jusqu’à BARILOCHE, le Chamonix argentin. De San Carlos de Bariloche, on peut aller au CHILI en bus à PUERTO MONTT. C’est de cette ville que je passerai à l’Ile de CHILOE dont Paul Urien m’a beaucoup venté les charmes. Enfin, voilà le projet de route, mais cela peut changer, allez savoir…

Des soucis informatiques, de courrier et de téléphone (trop long à raconter) expliquent quelques difficultés d informations.

Voici le nouveau blog ouvert par mon frère Yvon. J'envoie par courrier mes notes de voyages et mon frère mettra au fur et à mesure ce blog à jour.

Le voyageur lui, n'est pas en panne. Après un mois de mer, j étais a Buenos Aires lundi dernier, j'y suis resté trois jours. Je suis descendu en bus a Puerto Madryn a 1300km au sud. C est mon troisième jour. Aujourd’hui, j ai fait une superbe balade autour de la péninsule de Valdés (350 km), magnifique, et sur les plages on y voit des colonies de manchots, des éléphants de mer, des lions de mer. Dans la pampa, on rencontre de nombreux « choïques » ou nandous sorte d autruches et des guanacos sorte de lamas (non bouddhistes).

Je viens de prendre mon billet de bus pour demain après-midi et j’arriverai à Rio Gallegos, 1.100 km plus au sud mardi matin.

Il fait un temps superbe 23° C.

Publié dans tysaozon

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